Il s’agit entre autres de Lida Kouassi Moise, du Colonel Katé Gnatoa… Depuis, ces personnalités continuent d’être détenues et des arrestations se poursuivent toujours dans le cadre des affaires de «déstabilisation». Le samedi 23 juin 2012, nous recevons un coup de fil. Au téléphone, une voix masculine A.M. de ses initiales se présente à nous comme étant fils de Saho, un des trois villages (avec Para et Nigré) proches de la frontière avec le Libéria. A.M arrive fraîchement de Saho où il ne supporte plus l’insécurité ambiante. Nous prenons rendez-vous avec lui, à Yopougon, ce samedi matin. «Merci d’être venu à ma rencontre», gratifie-t-il avec une voix encore nouée d’émotion. «Je suis fils de Saho et je voudrais partager avec vous, ce qui se passe dans mon village, par rapport à la mort des sept (7) casques bleus de l’Onuci. Je peux vous dire que ces soldats n’ont pas été tués par des soi-disant mercenaires libériens pro-Gbagbo».
Etes-vous sûr de ce que vous avancez-là? Nous répliquons. «je vous le confirme» répond A.M. avec assurance avant de poursuivre. «Ce sont des éléments des Frci qui ont tué les soldats de l’Onu. Tout est parti de la répartition des gains suite à la vente du café et du cacao volés. Quand ces éléments Frci de la zone veulent voler les produits de nos récoltes, ils tirent des coups en l’air. Dans la débandande qui s’en suit, de peur d’être tués, les villageois courent se réfugier dans la brousse. Une fois que les villages et campements vidés de leurs habitants, ces Frci ramassent tous les stocks de nos produits qu’ils vont cacher quelque part. Ne pouvant pas les charger dans leurs camions au risque de se faire repérer, c’est alors qu’interviennent leurs complices qui sont des soldats de l’Onuci.
Ces derniers chargent nos produits dans leurs chars qu’aucune autre force ne peut arrêter ni fouiller. Ensuite ils partent les vendre à des grossistes par l’intermédiaire des pisteurs. Les dividendes sont repartis entre les différents acteurs du pillage. Mais avant le 8 juin, nous savions qu’un différend opposait les éléments Frci à ceux des casques bleus de l’Onuci. Il y a eu mauvais partage entre eux et les Frci se sont sentis frustrés. Deux ou trois jours avant «l’embuscade» ils promettaient de se venger avec des menaces verbales. Ils ne voulaient plus avoir des complices des casques bleus qu’ils ne maîtrisent pas». Ce récit de A.M. remet au centre de l’actualité les attaques de Para, Saho et Nigré.
D’autres sources, en provenance précisément de Nigré ont corroboré cette thèse de règlement de compte entre pillards onusiens et Frci. D.H. est originaire de Para. Quand nous rentrons en contact téléphonique avec lui, c’est sans ambages qu’il soutient : «Quand les éléments des Frci veulent nous déposséder des nos produits, café et cacao notamment, ils commencent par tirer des coups de feu pour dissuader. Gare à celui qui ne fuit pas! Une fois le village vidé de ses populations, ces voleurs peuvent se livrer aux actes de pillage.
Après ils vont partager entre eux et leurs complices de l’Onuci qui les couvrent». Ces dénonciations sont assez révélatrices. En effet, c’est la première fois depuis l’attaque de Saho, Para et Nigré qui a fait 20 morts, que des parents de victimes se confient à la presse, même si c’est sous le couvert de l’anonymat. Nous pensons qu’il ne serait pas inutile pour les enquêteurs de tenir compte de cette nouvelle donne faite des témoignages inédits afin d’élargir leur champ d’investigation.
Bertina Soro
Source: Le Temps
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